La place de l’entreprise dans le développement humain de ses salariés

Dans l’article “le management bienveillant, illusion ou réalité?”, je développe ce que l’entreprise peut mettre en place pour bénéficier d’un management bienveillant. J’y insiste sur le travail sur soi et ce qu’il est nécessaire que l’entreprise mette en place. A sa lecture, nous pourrions penser que l’entreprise se trouve dans la posture d’être celle qui apporte tous les outils pour le bien-être de ses salariés. Cela pourrait donner à penser que l’entreprise se retrouve de nouveau dans une posture paternaliste où celle-ci doit assurer toutes les conditions nécessaires pour que ces salariés vivent le mieux possible, y compris en dehors, dans leur vie personnelle.

Cet article vient apporter un éclairage sur ce point pour lever une éventuelle ambiguïté.

L’entreprise, un acteur parmi d’autres

L’entreprise est un acteur parmi d’autres et ne doit en rien se substituer aux autres institutions et à la responsabilité de chacun pour mener sa vie à bien. L’entreprise doit prendre sa place, sa juste place. Car en effet, elle a bien un rôle à jouer et je dirai même une responsabilité. Elle se doit de créer une atmosphère propice au travail qui ne peut être que bénéfique au bon déroulement de la vie de l’entreprise.

Elle est donc en devoir d’apporter à ses salariés les moyens d’exercer leurs compétences professionnelles dans les meilleures conditions possibles. Même si aujourd’hui la technologie prend une place importante dans le monde du travail, elle ne supprimera jamais le fait que ce sont, pour l’instant, des humains qui gèrent les machines et la technologie. Les rapports humains sont au cœur du fonctionnement de toute entreprise.  Et c’est l’entreprise et en particulier ses dirigeants qui posent les règles de gestion des rapports humains. A la fois dans l’article cité, j’évoque comment ces règles doivent être redéfinies pour de meilleures relations (sortir du système hiérarchique et pyramidale, mettre en place des rapports de co-travail, de collaboration, de responsabilités partagées…) mais aussi le fait qu’il est nécessaire de former les salariés à une meilleure connaissance de soi pour savoir mieux gérer les relations à autrui. C’est sur ce deuxième volet que l’ambiguïté peut surgir.

Autant il semble logique qu’il revient à l’entreprise d’organiser sa façon de travailler et les règles de fonctionnement. Autant, cela semble plus délicat d’aborder la question du travail personnel qui déborde de la sphère purement professionnelle.

Il est vrai que nous pouvons penser que l’entreprise a juste à poser le cadre et n’a pas à intervenir dans la complexité de ce qui concerne les rapports humains. Après tout, cela n’est-il pas de la responsabilité de chacun d’apprendre à vivre avec les autres, à savoir gérer les relations. Pourtant dans la réalité, nous savons bien que ce volet ne peut être renvoyé dans le domaine privé. Si les entreprises veulent gagner en réputation, ne pas perdre inutilement de l’argent dû à la mauvaise gestion du personnel, …, elles ont le devoir de former leurs salariés à de bonnes attitudes de travail. Tout le monde est gagnant dans cette histoire, l’entreprise et le salarié si cette démarche est faite de façon transparente et responsable.

Néanmoins, l’entreprise n’a pas à devenir un super-thérapeute de ses salariés !!!

Ce qui doit être apporté, aura nécessairement des répercussions positives sur la vie privée des salariés comme un bonus. Mais le but visé est bien que les formations sur la connaissance de soi apportent de meilleures relations au sein de l’entreprise.

L’apport de formation que j’évoque demande un travail important et surtout dans la durée. Mais une limite est à poser. Toutes les formations doivent viser des résultats spécifiques dans le fonctionnement des relations et de l’organisation au sein de l’entreprise.

Il est clair que ces formations peuvent faire surgir chez les salariés une volonté d’approfondir des points qui leur posent problème. Mais ce ne sera pas à l’entreprise de prendre en charge des formations trop spécifiques si elles n’ont pas d’impact direct sur l’entreprise.

La responsabilité de chacun

Comme je le précisais dans l’article, il n’existe pas d’entreprise idéale ni de salarié idéal !!

Le salarié qui se rend compte qu’il a besoin de travailler plus sur lui pour être mieux dans sa peau et dans son travail se doit de chercher par ses propres moyens des solutions et ne peut pas attendre tout de son entreprise. Des solutions nombreuses existent aujourd’hui d’accompagnement pour faire un travail sur soi, soit de façon spécifique sur un domaine ou de façon plus approfondi si c’est nécessaire et désiré par la personne.

Il est primordial que les entreprises sachent où doit s’arrêter leur participation pour ne pas jouer un rôle qui ne serait plus le sien. L’entreprise n’a pas à jouer un rôle paternaliste à outrance envers ses salariés. Elle a juste à créer et mettre en place les conditions de travail. Il est clair qu’aujourd’hui, nous sommes encore loin du compte et les entreprises sont souvent perdues dans le foisonnement d’offres de formations qui ne répondent pas forcément aux besoins ou qui sont choisis pour utiliser le budget formation sans qu’il soit réfléchi à long terme et planifié. L’urgence dans laquelle sont les entreprises, le manque de recul et de temps sur ce qui est essentiel à mettre en place les handicapent. Les entreprises ont besoin d’aide et de structures sérieuses qui leur proposent un plan ambitieux et à long terme.

Les salariés ont aussi à prendre leur vie en main et ne pas compter exclusivement sur l’entreprise pour se former à la connaissance de soi. Le développement des “happiness  officer”, de la QVT, des instances qui surveillent le bien-être au travail pourraient faire croire que le bonheur des salariés est assuré et qu’il n’y aura pas besoin de se former.

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