Définition de l’imagination

Le terme d’imagination fait référence à notre capacité à mettre sous forme d’images, d’idées, des choses qui, soit n’existent pas encore, soit d’associer des concepts, des idées ou des images, qui sont au départ indépendants les uns des autres mais qui, associés permettent de modéliser quelque chose de nouveau. L’imagination est un matériau utile et même primordial à la créativité. Mais à la différence de celle-ci, elle peut rester lettre morte et ne pas aboutir à une production qui est l’élément essentiel de ce qui définit la créativité. Gianni Rodari qui a écrit la grammaire de l’imagination dit :

« l’imagination est un instrument dont l’esprit ne peut jamais se passer. Elle sert pour jouer, pour travailler, pour vivre ».

L’imaginaire comporte la possibilité de rester enfermé dans l’irréel, dans le spéculatif. Il ne se confronte pas alors, dans ce cas, au réel et à la matière. C’est la grande différence avec la créativité qui elle vient se heurter à un moment donné de son processus à la matière. C’est d’ailleurs un moment difficile dans le processus créatif. Beaucoup de projets créatifs avortent à cette étape ne réussissant pas à s’adapter aux contraintes matérielles. Tandis que l’imaginaire peut lui continuer à exister sans passer par une réalisation concrète.

Néanmoins, l’imaginaire est primordial pour la créativité. Grâce à sa liberté d’inventivité, l’imaginaire permet de créer de nombreux liens, émettre une multitude d’hypothèses, associer de nombreuses idées sans risque. Cela offre un espace créatif essentiel pour la créativité avant que cette dernière fasse un tri de ce qui est potentiellement réalisable dans le concret. Dans la phase de recherche, l’imagination repousse les limites du possible et offre une souplesse d’esprit qui permet d’aboutir à des solutions créatives qui ne seraient pas possibles autrement.

Utiliser l’imaginaire demande à accepter d’explorer l’impossible, l’inconnu. Sans cela, aucune innovation, aucune créativité possible. Cela suppose d’accepter de perdre ses repères habituels, de remettre en question tout ce que l’on sait. Les révolutions scientifiques n’auraient pas pu être possibles sans l’imagination de ces hommes et femmes qui ont dû abandonné ce qu’ils pensaient savoir pour ouvrir des portes qui étaient fermées dans le paradigme de leur époque. Dans la créativité, on parle de la tolérance à l’ambiguïté comme un des traits favorisant celle-ci. Par exemple la découverte de la structure de l’ADN n’a été possible que parce Crick et Watson reprirent l’hypothèse de la double hélice qui avait été abandonné par un autre chercheur Linus Pauling car comportant trop d’ambiguïté. C’est parce qu’ils ont accepté de ne pas rester coincé dans les contradictions et en utilisant leur imagination que la découverte de la structure de l’ADN a abouti.

Notons par ailleurs que l’imagination est un support qui permet de mettre en forme des concepts inconnus. En s’appuyant sur des images ou des objets existants et en les transposant à un problème qu’on ne savait pas représenter, jaillit des solutions créatives. Voici quelques exemples :

– C’est en s’appuyant sur l’image du serpent se mordant la queue que Kekulé à découvert la structure moléculaire en anneau du benzène.

– C’est en se basant sur le fonctionnement d’une horloge que Johannes Kepler a saisi le mouvement des corps célestes.

– C’est en faisant une analogie avec l’oreille humaine que Alexander Graham Bell conçoit le téléphone.

–  C’est en utilisant de nombreuses métaphores que Charles Darwin élabore sa théorie de l’évolution.

Nous pourrions continuer à développer tellement l’imagination est vecteur de créativité. Sans son imagination Einstein et sa femme n’auraient pas découvert ce qui germait dans la tête de nombreux chercheurs de son époque, qui n’ont peut-être pas trouvé ce qu’ils ont trouvé parce qu’ils n’osaient utiliser suffisamment leur imaginaire.

Notons enfin que la pensée divergente si essentielle à la créativité ne serait pas possible sans une dose d’imagination.

Définition de l’innovation

Le terme d’innovation, même s’il est utilisé dans différents domaines, c’est un terme bien spécifique du monde de l’entreprise. Il est très proche de la notion de créativité puisqu’il est souvent lié à un produit nouveau adapté au contexte d’où il émerge. Nous trouvons également dans le mot « in-novation » la notion de nouveauté, de changement qui le met en lien direct avec la créativité.

Nous pourrions dire que l’innovation, dans le monde de l’entreprise, est le résultat du management et de la structuration des compétences créatives de l’organisation, autour d’un projet visant à apporter une valeur ajoutée d’un produit ou service.

Etymologiquement il vient de “renouveler”.  Sa spécificité porte donc sur la nouveauté, sur le fait d’améliorer l’existant, d’y apporter un plus qui procure un souffle nouveau. Nous pourrions dire que la créativité est presque un synonyme. La créativité peut aider les entreprises à innover, en apportant une plus-value essentielle, dans un monde où les changements s’accélèrent.

Même si les termes sont proches, l’innovation présuppose un aspect technique, une amélioration d’un produit existant ou la création d’un tout nouveau produit. Néanmoins, c’est bien la créativité qui va permettre à l’innovation de se faire jour. Sans créativité, peu d’innovation envisageable. Dans un monde qui change à grande vitesse, (n’oublions pas qu’il y a à peine quelques décennies, nous n’avions ni téléphone portable, ni internet pour faire des recherches, ni de moyens rapides d’entrer si facilement en contact avec des personnes à l’autre bout de la terre), où les découvertes et les innovations s’accélèrent, la créativité est un atout pour, à la fois maîtriser cette accélération et à la fois l’utiliser pour orienter les technologies dans des directions respectueuses de l’humain.

Définition de l’intuition

L’intuition n’est pas à confondre avec la créativité.

L’intuition diffère de la créativité pour plusieurs raisons. Je renvoie à l’article sur la définition de la créativité pour saisir les propos ci-dessous :

– le fait même que son existence ne présuppose pas la production d’un produit fini, ce qui est constituant de la créativité

– nous pouvons avoir l’intuition de choses qui ne sont pas nouvelles en soi mais dont nous ignorions l’existence.

– et l’intuition est-elle toujours adaptée au contexte ? D’essence très subjective, elle est à manier avec précaution.

Retenons néanmoins qu’elle fait partie du processus créatif et demeure difficile à appréhender scientifiquement.

Je placerai l’intuition dans les matériaux de base de la créativité au même titre que l’imagination et l’inconscient. J’ai d’ailleurs fait un lien entre l’intuition et l’inconscient dans l’article qui définit ce dernier terme.

Examinons de plus près l’étymologie de ce terme :

Il vient du latin scolastique intuitio, issu du bas latin “image réfléchie dans un miroir” et qui renvoie à “regarder attentivement” et au sens figuré à “se représenter par la pensée”. En philosophie, Descartes désigne l’intuition comme une forme de connaissance immédiate qui ne recourt pas au raisonnement et plus tard en théologie, il désignera la vision directe de Dieu. A partir du XIXème siècle, ce terme prendra le sens de pressentiment de ce qui est ou doit être.

Je laisse de côté le sens actuel qui peut vite porter à confusion ou mener dans l’ésotérique à l’image du sens théologique qui était donné à ce mot. Il me semble plus intéressant de revenir à l’étymologie latine et au sens de “forme de connaissance immédiate qui ne recourt pas au raisonnement”.

“image réfléchie dans un miroir”

Cette étymologie amène à penser que l’intuition met en contact indirect avec la connaissance. Le miroir est un intermédiaire. Il transmet un reflet de l’image posant une distance. Il est donc essentiel de prendre avec mesure ce reflet qui n’est pas la réalité directe. En cela, nous pouvons faire le parallèle avec l’inconscient qui se dévoile de façon indirecte. Ce n’est jamais de façon claire et brute que l’inconscient fait remonter et surgir des éléments qu’il a stocké. C’est voilé, par le biais d’images, de symboles, de liens indirects dans les rêves, actes manqués et lapsus…

“regarder attentivement”

Cette étymologie fait appel aux cinq sens qui étaient les outils scientifiques du Moyen Âge. C’est la science de l’observation qui prime en ce temps-là. Il est bon de retrouver le bon sens des sens ! En regardant non seulement avec ses yeux mais aussi ses oreilles, son toucher, son odorat et le goût. Il nous est bon de réapprendre à être attentif. Nous sommes dans un monde où nos sens sont hyper stimulés, jusqu’à la saturation. Nous finissons par même plus être capable d’isoler un sens parmi d’autres. Apprendre à être intuitif demande à se reconnecter à chacun de nos cinq sens, à apprendre à discriminer ce que chacun d’eux perçoit dans une palette très diverse.

“forme de connaissance immédiate qui ne recourt pas au raisonnement”

C’est apprendre à écouter, saisir les choses autrement que par la tête uniquement. Si nous nous focalisons que sur le raisonnement, nous passons à côté d’un nombre incalculable de connaissances que le raisonnement ne peut pas saisir avec des mots et des concepts. Cela ne signifie en rien que le raisonnement n’y a pas sa place, car il est nécessaire de réapprendre un vocabulaire, donc des mots, pour désigner ce que l’on peut ressentir et découvrir par les cinq sens. Comme les esquimaux qui ont plusieurs mots pour décrire la neige, élément essentiel de leur univers. Si nous n’avons qu’un mot pour la désigner, nous perdons la possibilité de rentrer en contact avec une connaissance plus grande de la neige. Evidemment, rencontrer une forme immédiate de connaissance et en particulier, la connaissance de nos cinq sens nous demande de développer un vocabulaire des sensations, des émotions, des sentiments, des textures…

Ce que je veux montrer ici, c’est qu’il ne s’agit nullement de s’abandonner à un ésotérisme mais bien au contraire d’explorer de façon profonde et réelle le monde, les personnes, la nature, les objets qui nous entourent et qui sont porteurs de pleins de sagesse à découvrir. Et c’est là que se trouve une grande partie du vivier de l’intuition. Nous pourrions évoquer le lien avec l’inconscient collectif qui n’est au fond que l’ensemble des traces phylogénétiques dont nous sommes porteurs. N’oublions pas que dans le ventre de notre mère, nous passons tous par tous les stades de l’évolution qui sont inscrits profondément en nous.

Recherches utilisées pour trouver cet article:https://cgformationcoaching com/definition-intuition/

Définition de l’inconscient

L’inconscient est un mot valise. Il contient un certain nombre de sens qui peuvent être très différents suivant l’angle selon lequel nous l’abordons. Même si le terme existe avant Freud, l’exploration de ce monde par le biais du rêve va révolutionner l’approche de ce terme. Il est à noter que Freud ne va pas être le seul et que d’autres auteurs vont apporter des vues différentes et complémentaires à la vision freudienne de l’inconscient, et en particulier Carl Gustav Jung. Ce sera une des raisons de leur scission.

Il est donc difficile de poser une définition simple.

Relevons quelques éléments clés de cette notion (les éléments freudiens en italique s’appuie sur le dictionnaire de psychanalyse de Laplanche) :

L’adjectif inconscient est parfois employé pour connoter l’ensemble des contenus non présents dans le champ actuel de la conscience, ceci dans un sens « descriptif » et non « topique », à savoir sans qu’une discrimination soit faite entre les contenus des systèmes préconscient et inconscient. Cette définition de Laplanche est intéressante car elle est large et ne se cantonne pas au champ psychanalytique. Mais du fait que cela évoque ce qui est “non présents dans le champ actuel de la conscience”, on peut se demander pourquoi s’y intéresser.

L’inconscient freudien est d’abord une notion topique et dynamique qui s’est dégagée de l’expérience de la cure. Les contenus de l’inconscient sont des “représentants de la pulsion” . Ces représentations inconscientes sont agencées en fantasmes, scénarios imaginaires. C’est le travail de la cure et en particulier le rêve qui permet de faire émerger sous forme voilée ces contenus. Carl Gustav Jung élargira cette notion à un inconscient plus large, notamment l’inconscient collectif. Pour Jung, nous sommes porteurs en nous d’archétypes, c’est-à-dire de symboles universels fondamentaux qui dépassent les cultures. Des symboles récurrents trouvés dans les rêves de personnes d’origines différentes viennent appuyer cette approche. Cela transforme l’inconscient d’une vision essentiellement liée aux fantasmes infantiles chez Freud en un réservoir de ressources chez Jung et en particulier dans le champ symbolique.

L’énergie inconsciente chez Freud est complexe car tantôt  elle apparaît comme une force d’attraction exercée sur les représentations et résistant à la prise de conscience (c’est le cas dans la théorie du refoulement où l’attraction par les éléments déjà refoulés vient collaborer avec la répression du système supérieur), tantôt comme une force qui tend à faire émerger ses « rejetons » (actes manqués, lapsus…) à la conscience et ne serait contenue que grâce à la vigilance de la censure. Ce qui va nous intéresser dans la créativité est la possibilité de saisir ce qui émerge de l’inconscient pour en faire une matière porteuse de potentialités inconnues jusqu’alors.

On sait que le rêve a été pour Freud la “voie royale” de la découverte de l’inconscient. Apprendre à travailler à partir des souvenirs de ses rêves est un moyen d’utiliser ce que l’inconscient nous transmet par ce biais pour développer notre part créative. Par exemple, s’endormir en se posant une question ou une situation qui nous demande de la créativité va transmettre à notre cerveau qui continue à travailler durant notre sommeil à aller chercher des solutions dans notre inconscient. C’est un apprentissage mais c’est un outil à ne pas négliger dans le développement de notre créativité.

Ce que nous pouvons retenir de ces différents éléments :

l’inconscient ne se manie pas facilement. Il a ses zones d’ombre. C’est même une fonction essentielle qui nous protège de la folie.

– Il nous est accessible par ses rejetons comme les actes manqués, les lapsus. Mais aussi par les rêves.

Nous pouvons le solliciter par les rêves mais aussi en utilisant certains outils qui nous permettent de nous en approcher. Le but étant d’aller y puiser des ressources qu’il contient. Notamment par rapport à la vision jungienne des symboles et archétypes.

L’inconscient influence nos pensées et nos comportements. Il est donc bon de pouvoir l’apprivoiser pour en faire une ressource et un allié. Tout en reconnaissant qu’il nous restera toujours inaccessible pour une grande part. Le schéma de l’iceberg est souvent usité pour symboliser cet inconscient qui est bien présent mais invisible comme la partie cachée de l’iceberg.

Iceberg-inconscient

Nous voyons dans ce schéma que dans l’inconscient, est inclus le cerveau droit. Travailler son cerveau droit, c’est-à-dire son imaginaire, les images, nos émotions, les symboles, donne accès à notre inconscient. Le cerveau droit est un des outils principaux pour atteindre notre inconscient.

Nous pourrions ici faire un lien avec l’intuition qui utilise l’inconscient comme d’un réservoir. Si nous écoutons les grands auteurs parler de leur inspiration, nous les entendons reconnaître que quelque chose les inspire sans savoir vraiment d’où cela vient. Nous pouvons faire l’hypothèse que l’inconscient a peut-être un rôle. L’avenir et les études sur le fonctionnement cérébral arriveront peut-être à nous dévoiler des liens qui nous sont encore inconnues.

L’inconscient est un domaine riche et foisonnant tout en demeurant flou sur la façon de l’approcher. Nous sommes des artisans qui apprenons en faisant, les mains dans la pâte de notre inconscient.

Définition de talent

Le terme de talents est souvent associé à la créativité.

Dans le champ sémantique qui nous intéresse ici, nous trouvons dans le Petit Robert deux sens complémentaires qui peuvent prêter à confusion.

Le premier sens défini comme toute disposition naturelle ou acquise « pour réussir en quelque chose » est peu usité et s’est transformé en aptitude particulière, dans une activité.

Le deuxième sens est une absolutisation du terme qui définit LE talent comme l’aptitude remarquable dans le domaine intellectuel ou artistique.

Nous resterons dans le cadre du premier sens, pour conforter que nous avons tous des talents et qu’ils sont le signe de notre créativité. Nos talents, comme l’évoque la première définition du sens qui est vieilli et peu usité, est pourtant très juste, notamment sur le fait que les talents ne sont pas seulement naturels mais peuvent être aussi acquis. Je vous propose donc de postuler que nous avons tous des talents, d’abord à découvrir puis à développer. Le principal manque de talent est de ne pas croire que l’on en a ! D’autre part, il ne suffit pas d’avoir des talents, encore est-il nécessaire de les travailler pour qu’ils deviennent efficients.

Il est bien vrai que nous avons tendance à cantonner ce terme à son deuxième sens. De plus, même si nous l’employons dans le premier sens, aptitude particulière, dans une activité, c’est avec en tête l’idée de quelque chose d’inné, que la personne aurait hérité de ses géniteurs. Cette vision est réductrice et trompeuse car elle peut faire croire que si nous n’avons pas de talents, nous ne pouvons pas les acquérir. Certes, tout le monde ne sera pas Mozart, Marie Curie, Victor Hugo ou Marguerite Duras. Mais cela ne nous empêche pas ou ne nous excuse pas de ne pas développer des talents dans certains domaines. Peut-être aurons-nous d’abord à repérer les domaines où nous sommes porteurs de graines de talents pour ensuite espérer pouvoir les développer de façon fructueuse.

Donc, retenons que les talents, ce n’est pas que pour les autres. Et surtout ne limitons pas les talents à certains domaines restreints comme le monde artistique et scientifique. Le monde a besoin de tous les talents de chacun et chacune, et dans tous les domaines de la vie.

Définition de la Créativité

La créativité est un domaine que nous pensons être réservé à des professionnels de la Culture, aux artistes… Nous allons voir que cette vision est réductrice et que la créativité est beaucoup plus large et plus universelle que ce que nous imaginons le plus souvent. Par ailleurs, je vous renvoie aux autres articles qui définissent des termes qui sont assez proches et pourtant différents comme l’imagination, l’innovation, l’intuition, les talents et l’inconscient. Je m’appuie sur une définition de la créativité, qui fait le plus consensus dans les milieux scientifiques et qui est celle des auteurs suivants :

Anderson, Potocnik & Zhou, 2014 ; Amabile, 1996 ; Barron, 1998 ; de Sousa, 2008 ; Lubart, 1994 ; MacKinnon, 1962 ; Ochse, 1990 ; Runco & Jaeger, 2012 ; Sternberg & Lubart, 1995

“La créativité est la capacité à réaliser une production qui soit à la fois nouvelle et adaptée au contexte dans lequel elle se manifeste.”

 

Développons chacun des termes de cette définition :

Une capacité

La créativité étant une capacité, elle se situe dans le champ des compétences. C’est même une compétence humaine de base. Cette compétence se manifeste dans la plupart des actions que nous entreprenons tout au long d’une journée comme apprendre, choisir, définir, changer, se poser des questions, nous interroger, nous mettre en mouvement… Cette capacité fait appel à de nombreux facteurs : les facteurs cognitifs, émotionnels, conatifs (comportements), environnementaux. Par le fait d’être dans le champ des compétences, elle peut donc s’acquérir et n’est pas du domaine exclusif de l’inné. L’ensemble des facteurs peuvent être travaillés et développés. Par la gestion mentale, il nous est possible d’améliorer notre capacité cognitive à associer des idées par exemple. Le contact et l’apprentissage de la gestion de ses émotions favorisent les facteurs émotionnels qui sont vitaux dans la créativité. Savoir comment nous appréhendons le monde, comment notre motivation personnelle affecte nos comportements, nous nous relions de façon plus claire avec notre vivier créatif intérieur. Enfin, mesurer l’impact de notre environnement sur notre façon d’agir et de vivre nous aidera à l’adapter pour qu’il facilite l’émergence de notre créativité.

Une production

Cette capacité créative entraîne une production. Ce terme est très large et couvre à la fois des productions externes à la personnes comme des objets, la réalisation d’un projet concret, visible comme une œuvre d’art, un spectacle, …que des productions qui ont des implications dans la société dans le champ des idées, de concepts et qui par ricochet aboutiront à des réalisations concrètes ultérieurement comme par exemple un nouveau paradigme scientifique qui créera une nouvelle vision du monde et d’appréhension de la réalité. La créativité influençant tous les domaines, les productions créatives rassemblent donc des aspects très variés de la simple idée à un objet très précis.

Nouvelle

La créativité implique la notion de nouveauté sans quoi il ne s’agit pas de créativité mais juste de reproduction de choses déjà connues. La simple association de quelque chose d’existant à une autre idée, concept ou objet crée du nouveau. Il s’agit soit de l’association ou de la confrontation d’aspects, d’idées, d’objets déjà connus ensemble soit d’aspects, d’idées ou d’objets connus qui rencontrent un élément nouveau (savoir nouveau, nouvelle idée, nouvel objet…). Dans les deux cas, c’est la nouveauté de l’association ou de la confrontation qui va faire émerger quelque chose d’inconnu jusqu’alors.

Adaptée au contexte

La créativité s’ancre dans la réalité. Si elle n’est pas adaptée au contexte, nous sommes alors dans l’imaginaire qui n’est pas sans lien avec la créativité mais demeure sur un autre plan. Prenons l’exemple de l’apprentissage: apprendre, c’est déconstruire un savoir acquis, pour le remplacer par un nouveau savoir plus adapté au contexte. Dans le domaine éducatif, il s’agit du contexte évolutif de la maturité de l’enfant qui en grandissant peut acquérir des connaissances plus complexes en acceptant de déconstruire les anciens savoirs pour aller vers du plus complexe. Par exemple, un enfant apprendra que les droites parallèles ne se rencontrent jamais. Quand il sera plus grand, il abandonnera ce savoir pour un autre : les droites parallèles se rejoignent à l’infini.

Synthèse

La créativité ne se cantonne donc pas aux seules œuvres d’art.

Elle n’est pas que inné, elle s’acquiert en développant sa capacité à gérer et développer les facteurs cognitifs, émotionnels, conatifs, environnementaux adéquats.

Elle implique une production à la fois nouvelle et adaptée au contexte où elle émerge.

Notre créativité peut être en action tout autant dans “Trouver une astuce pour ne pas perdre ses clés” que dans “créer un nouveau produit ou objet”…

Le management bienveillant

Qu’est-ce que c’est?

Le management bienveillant est une expression  nouvelle. Ce terme regroupe des attitudes, des actions, des manières de travailler que les recherches sur les rapports humains ont relevé et mis en exergue.  Dans ce qui a été relevé, rien de très nouveau. C’est plutôt le fait d’appliquer ces évidences et ces valeurs universelles au monde de l’entreprise qui est une nouveauté.

Je regroupe personnellement sous cette notion un certain nombre d’approches qui  intégrées ensemble forme un tout unique. Je vais juste ici simplement nommer ces différentes approches. Elles sont développées plus amplement dans d’autres articles :

Les dix axes

Je relève dix axes à développer pour viser un management bienveillant. Ces dix axes, je les reprends et les adapte du livre le management bienveillant du docteur Philippe Rodet et d’Yves Desjacques  :

  • 1. Donner du sens au travail effectué.
  • 2. Demander des objectifs atteignables et qui soient motivants pour ceux qui les exécutent.
  • 3. Permettre un juste niveau de liberté d’action pour pouvoir s’approprier les tâches.
  • 4. Exprimer sa gratitude, sa reconnaissance pour le travail accompli.
  • 5. Encourager pour stimuler et mettre à jour l’efficacité personnelle de ses collaborateurs.
  • 6. Transmettre de la considération donnant une place à chacun dans l’entreprise.
  • 7. Construire une cohérence dans la politique de l’entreprise avec une adéquation entre le discours et les faits.
  • 8. Prendre soin des personnes qui travaillent avec soi.
  • 9. Reconnaître les erreurs comme un maillon d’apprentissage à resituer à sa juste place.
  • 10. Développer le sentiment de justice par l’équité dans le traitement de chacun.

La communication non violente

C’est Marshall B Rosenberg qui développe cette approche dans son livre les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs). Cette approche amène à prendre en considération les émotions et les besoins de chacun(e) en apprenant à exprimer une demande claire et respectueuse à l’autre. Cette approche vise à la fois un travail sur soi et un travail sur la manière de gérer nos relations à autrui. Cette approche ne peut être saisi sans travailler les deux approches suivantes.

Les intelligences multiples

C’est Howard Gardner, figure renommée de la psychologie cognitive, qui est à l’origine de la théorie révolutionnaire des intelligences multiples. Il permet de sortir du QI comme seul critère ou barème pour mesurer l’intelligence. D’autres formes d’intelligence sont pour lui à prendre en compte. Il a défini huit intelligences (langagière, logico-mathématique, spatiale, musicale, kinesthésique, interpersonnelle, intrapersonnelle, naturaliste) et il évoque par ailleurs cinq formes d’intelligence pour affronter l’avenir : l’esprit discipliné, l’esprit de synthèse, l’esprit créatif et l’esprit respectueux.

Nous pouvons citer ici un autre auteur et psychologue aussi de Harvard, Daniel Goleman qui a mis en avant l’intelligence émotionnelle. Nous n’avons pas été éduqué à apprivoiser et gérer nos émotions. Pourtant ce sont elles qui sont au commande et nous croyons trop facilement pouvoir les exclure du monde rationnel du travail. C’est même une erreur. Elles ont beaucoup à apporter pour le bon fonctionnement de l’entreprise. Mais pour cela, il est nécessaire de connaître et savoir gérer ses besoins et émotions sans quoi nous ne pouvons même pas utilisé l’approche de la communication non violente. De plus, la multiplicité de ces intelligences est essentielle pour booster la créativité dans l’entreprise.

Thomas Gordon

Psychologue américain, il est un des pionniers de la psychologie humaniste, connu pour ses livres comme parents efficaces. Il met entre autre en valeur l’importance de s’exprimer en “je”. Ce en quoi il rejoint l’approche de la communication non violente. La notion de gagnant/gagnant et l’écoute active sont des exemples d’outils qu’il utilise. Nous pourrions y adjoindre l’écoute empathique de Carl Rogers. Tous ces auteurs cités sont dans la même mouvance de la psychologie humaniste qui vise l’amélioration des rapports humains.

Stephen Covey, père et fils

Ces deux auteurs ont accompagné de nombreuses entreprises dans le domaine du management et de l’organisation. Ils apportent au management à la fois une vision ancrée dans la réalité et des valeurs humaines, c’est-à-dire respectueuses et éthiques. L’importance de définir ses propres valeurs et celle de l’entreprise, de savoir s’organiser (cf le livre priorité aux priorités), de créer et développer la confiance (cf le livre le pouvoir de la confiance) sont des bases essentielles pour faire advenir un management bienveillant.

Une vision particulière de l’humain

Tout ce qui précède s’appuie sur une vision particulière de l’humain. C’est une vision qui se veut optimiste, une vision qui croit en la possibilité et la capacité des humains à évoluer dans un sens plus éthique, équitable, sociable… Si nous restons cloitré dans la vision de “l’homme est un loup pour l’homme”, nous sommes dans une impasse et dans l’impossibilité de modifier nos rapports humains. Il est possible de sortir de la jungle!! Et le management bienveillant se veut une des propositions avec des solutions concrètes et réalistes. Pour juste illustrer un peu le propos, la pratique du non jugement sera un élément clé pour bâtir la confiance et des rapports humains plus vrais et plus justes.

La créativité

Je termine par cette approche, qui peut se développer de façon très féconde, si les approches précédentes ont été mises en œuvre. Une créativité foisonnante sera le signe de la bonne santé mentale de l’entreprise, de sa capacité à être bienveillante envers son personnel, ses clients…